Château de Hurle et Château ambulant
- Kassandra & Léa
- 28 oct. 2020
- 13 min de lecture


Informations pratiques :
Auteur : Diana Wynne Jones
Année d’édition : Première édition anglaise en 1986, 2002 pour la France. Mon édition est de 2020.
Maison d’édition : Mon édition (et la seule trouvable à un prix tout à fait correct) vient de chez Ynnis Edition.
Prix : 14.95€ (broché), 9.99€ (ebook)
Réalisateur, Producteur, Scénariste : Hayao Miyazaki
Studio d'animation : Studio Ghibli
Année de sortie : 2004
Durée : 119 minutes (= 1h et 59min)
- Chronique comparatiste solo de Kassandra -
Le château de Hurle est un roman de fantasy écrit par Diana Wynne Jones et publié en 1986. Sa publication commence à dater c’est pourquoi vous n’en avez peut-être encore jamais entendu parler. Toutefois, le titre “Le Château ambulant” vous est potentiellement plus familier. Il s’agit d’une adaptation en film d’animation, plutôt libre, réalisée par Hayao Miyazaki. Son nom ne vous est sûrement pas inconnu et ce n’est pas pour rien : il est l’un des fondateurs du célèbre studio de films d’animation Ghibli (si il y a des fans parmi vous n’hésitez pas à venir nous dire quel est votre film préféré du studio).
Donc, vous ignorez peut-être que ce roman a récemment eu le droit à une réédition, qui est au passage très belle, c’est pourquoi c’est l'occasion parfaite de le lire (jusque-là il était très difficile à trouver, surtout à un prix correct). Dans cette chronique je vais vous dire ce que j’ai aimé dans cette histoire, évidemment, mais aussi vous exposer les diverses différences entre l'œuvre littéraire et l'œuvre cinématographique qui justifie donc la nécessité de lire le roman mais aussi de voir le film. Si vous avez vu le film mais pas lu le livre et que vous avez aimé, je vais tenter de vous convaincre d’y remédier parce que vous ratez quelque chose.
Personnellement, j’ai découvert le film il y a déjà plusieurs années et j’ai vraiment adoré. J’ai arrêté de compter le nombre de fois que je l’ai visionné et je peux vous dire que je pourrai le regarder encore et encore ! En découvrant qu’un roman a inspiré Hayao Miyazaki (dont je suis fan !) j’ai voulu le lire pour voir quelle était la matière première qui a donné ce film. Je suis ravie de l’avoir fait.
Avec le roman on découvre tout un pan de l’histoire qui n’existe pas dans le film, certaines choses sont beaucoup plus approfondies et la fin est totalement différente. Mais, d’un autre côté, le film apporte totalement autre chose, quelque chose qui est clairement la patte du réalisateur japonais et que j’ai quand même apprécié. Certes, le film est une adaptation libre qui n’est pas totalement fidèle à l’histoire de base, mais il apporte des éléments nouveaux tout en gardant le fil principal de l’intrigue et les personnages principaux, ce qui peut être tout aussi intéressant je pense. En ce 28 octobre, journée mondiale du film d’animation, il me tient à cœur de vous présenter ces deux œuvres génialissimes qui méritent à être connues.
Tout d’abord, voici un résumé de l’histoire commun aux deux œuvres pour ceux qui ne connaissent pas.
Résumé
Sophie est une jeune fille vivant dans le pays merveilleux d’Ingary. Elle est l’aînée de deux sœurs, Lettie et Martha et la fille d’un chapelier. Au décès de ce dernier, elle accepte le destin peu trépidant qui est écrit pour elle et reprend la boutique familiale. Toutefois, elle reçoit une visite inattendue qui lui réservera une bien mauvaise surprise : la sorcière que tout le monde craint lui lance une malédiction. Là-voilà transformée en vieille femme. Sophie ne se laisse pas abattre mais quitte sa ville pour ne pas inquiéter ses proches. Elle croise alors, par hasard (si vous y croyez) le château ambulant du terrible magicien Hurle. Enfin... Le plus terrifiant chez lui, c'est sa réputation. On raconte en effet, à qui veut bien l’entendre, qu’il dévore le cœur des jeunes filles. Hurle n’est en réalité qu’un poltron superficiel, égoïste et insensible lié par un contrat mystérieux au puissant (flatter l’égo d’un démon est toujours bon pour soi donc… ) démon du feu Calcifer. Ou peut-être est-ce seulement ce qu’il laisse voir. Dans quelle mesure tout cela est-il vrai ? Sophie va finir par le découvrir au fil de son enquête, car enquête il y a ! A son arrivée Calcifer la supplie de découvrir la nature du contrat qui l’enchaîne à Hurle, et par conséquent à l’âtre de la cheminée du château, en échange de quoi il la libérera du maléfice qui est le sien. Débute alors une relation pimentée entre les personnages, des rencontres étranges, des événements mystérieux, des surprises étonnantes et une course contre la montre avec pour ennemi une sorcière… ou le destin.
Avis
J’ai vraiment aimé ce roman parce que j’ai trouvé l’écriture à la fois riche et agréable ! Il a été écrit il y a plus de trois décennies et pourtant l’écriture n’est pas dérangeante.
On découvre un univers sympathique et complètement original ! On a l’impression de se retrouver dans un conte de fée où le merveilleux est normal puisque la magie est monnaie courante. De plus, des clins d'œil à certains contes sont présents par-ci par-là et il est amusant de les remarquer.
De leur côté, les personnages sont variés mais tous hauts en couleur et singuliers. Il n’existe pas deux Hurle dans la littérature je pense (heureusement, ou pas, je n’arrive pas à me décider....) ! Ils sont pour la plupart attachants ce qui est important.
Les intrigues sont toutes intéressantes et bien menées. J’ai apprécié le fait que la lecture exige un minimum de concentration et de réflexion pour tout bien suivre et pour parvenir à faire des déductions par nous-même tout comme Sophie. On a des rebondissements et des surprises qui viennent rythmer le récit. Il n’y a pas de grosses longueurs et les échanges entre Hurle et Sophie sont géniaux ! Réunis, le caractère de l’un met le feu au poudre du caractère de l’autre et nous, lecteurs, mangeons du pop corn devant ce feu de joie !
C’est vraiment une lecture sympathique, originale et dont le suspens est plutôt bon tout comme les personnages c’est pourquoi je vous la recommande.
Pour ce qui est du film, j'ai eu un coup de cœur pour ce film que je ne sais pas vraiment expliquer. J’aime les graphismes (mais ça ce n’est pas nouveau puisque je suis fan du travail d’Hayao Miyazaki), les personnages, l’histoire avec les changements apportés… Je vous recommande vraiment de tenter surtout qu’un peu moins de 2h ce n’est pas grand chose ! Vous n’avez rien à perdre et tout à gagner !

Livre et film : les différences (liste non-exhaustive)
Je vais tenter d’indiquer les éléments dans l’ordre de l’histoire et signaler par un changement de couleur lorsque certains éléments sont vraiment importants et risquent de vous spoiler sévèrement l’histoire même si je vous conseille fortement de ne lire cette partie de la chronique que si vous avez déjà découvert les deux œuvres (surtout le livre).
Pour commencer, il y a le fait que Sophie a en réalité deux sœurs dont elle est l’aînée : Lettie et Martha. A la mort de leur père, elles doivent arrêter l’école et partent chacune en apprentissage. Lettie est envoyé chez Savarin, le pâtissier de la ville, Martha va chez Madame Bonnafé qui n’est autre qu’une sorcière et Sophie reste à la chapellerie car en tant qu’aînée, c’est elle qui héritera de la boutique. Mais, si Sophie est prête à se soumettre au destin déjà tout écrit pour elle, Lettie et Martha ont dès leur plus jeune âge commencé à exprimer leur désaccord. Lettie refuse de moins réussir que Martha sous prétexte que cette dernière est la dernière née et rêve de faire un beau mariage, tandis que Martha exprime son désir de réussite et d’indépendance. Alors, elles changent leur destin en interchangeant leur apprentissage grâce à un sort leur permettant d’échanger leur apparence. Vous vous doutez bien que cela créera quelques petits soucis... Mais, dans le film tout cela n’a pas lieu car Martha n’existe pas et Lettie effectue sagement son apprentissage à la pâtisserie Savarin où elle a beaucoup de succès. Toutefois, dans les deux œuvres Lettie encourage Sophie à faire ce qu’elle souhaite de sa vie et ne pas se résoudre à reprendre la boutique si cela ne la rend pas heureuse.
Avec la disparition de Martha on a également la disparition de l’histoire d’amour qui se dessine entre elle et Mickaël. D’ailleurs, celui qui devient Marco dans le film n’est pas un petit garçon dans l'œuvre de Diana Wynne Jones mais un adolescent d’une quinzaine d’années. Cela peut paraître être un détail mais cela joue sur la maturité et le caractère de l’apprenti. Néanmoins, cela ne reste pas profondément problématique pour l’intrigue principale puisque l’intrigue secondaire à laquelle il est lié n’a pas été conservée.
Certaines choses ont toutefois été gardées mais seulement de manière partielle ou modifiées. Dans les deux œuvres, Hurle/Hauru est précédé par sa réputation de coureur de jupons. En fait, il est même dit qu’il dévore le cœur des jeunes filles. C’est quelque chose d’intéressant et d’assez important qui n’est pourtant pas expliqué dans l'œuvre de Miyazaki. Dans le roman, on voit beaucoup plus le côté séducteur de Hurle qui lui vaut cette si mauvaise réputation. En effet, il s’absente souvent dans un beau costume, guitare à la main, pour aller charmer des jeunes femmes. Hurle n’est pas méchant, il tombe seulement très facilement et très vite amoureux des jeunes filles. Le fond du problème, c’est que tout comme le célèbre personnage Don Juan que vous connaissez très certainement, son amour n’est nourri que par le challenge. Une fois que l’heureuse élue cède aux charmes du jeune homme, l’histoire de cœur perd toute sa saveur, tout son intérêt et l’amour fane. L’amour de Hurle est à l’image d’une fleur : éphémère. C’est en cela, notamment, que l’absence de cœur se fait ressentir. On imagine bien que le fait que Calcifer soit en possession du cœur de Hurle, en délestant ce dernier, a des conséquences sur sa vie et sa gestion des sentiments. D’ailleurs, on peut noter que Hurle et Hauru ont tous les deux en commun une certaine immaturité qui fait échos au fait qu’ils ont perdu leur cœur étant enfant et sont par certains aspects resté coincés à cet âge. Sophie le sous-entend lorsqu’elle dit que le cœur palpite comme celui d’un enfant dans le film.
Dans le film, on voit Hauru utiliser le repère noir à chaque fois qu’il part au combat, mais comme nous verrons cela plus tard il s’agit d’une modification de taille relative au film. Dans le roman, la destination du repère noir n’est pas un secret, il mène à quelque chose d’intéressant et important : le pays de Galles. Il s’agit du pays d’origine de Hurle où vit encore sa sœur et sa famille. D’ailleurs, la fenêtre présente dans la chambre du magicien permet, grâce à un sortilège, de voir ce qu’il s’y passe. Cette dimension de la vie de Hurle rajoute une couche de profondeur et de complexité au personnage.
D’autres aspects de la vie de Hurle ont été effacés ou ont subi des modifications lors de l’adaptation. Par exemple, dans le roman Sophie rencontre la mentor de Hurle qui lui a tout enseigné et qui est une personne importante pour lui. L’attachement mutuel et réciproque des personnages est intéressant et rend Hurle plus attachant. Sauf que dans le film c’est l’enchanteresse Suliman qui est censée avoir formé Hauru à la magie jusqu’à ce qu’il lui tourne le dos.
D’ailleurs, dans le film c’est cette dernière qui joue le rôle de la grande méchante en tant qu'incarnation de la guerre volant ainsi la vedette à la réelle méchante : la sorcière. Sorcière des Landes dans le film, elle répond au nom de sorcière du Désert dans le livre. Dans l'œuvre cinématographique la sorcière des Landes en veut à Hauru avec qui elle a eu une histoire et qui l’a quitté c’est pourquoi elle lui lance une malédiction et le pourchasse. Elle finira neutralisée assez facilement par l’enchanteresse Suliman et les années l’ayant rattrapée elle ne devient qu’une vieille femme plutôt inoffensive. Dans le roman, rien à voir. La sorcière du Désert est bien plus machiavélique et il n’est pas question de la relayer au second plan. Cette dernière a lancé une malédiction et pourchasse Hurle, mais ses motivations n'ont aucun rapport avec un rejet amoureux. Non. La sorcière du Désert se la joue docteur Frankenstein afin de créer l’homme parfait pour devenir roi et régner à ses côtés. Il ne lui manque plus que la cerise sur le gâteau, ou plutôt la tête sur les épaules et c’est celle de Hurle qu’elle veut.
Hurle, on s’en doute et on le comprend, n’est pas très enthousiaste et fait de son mieux pour lui échapper, mais il sait qu’une fois que la prophétie de la malédiction sera complète, la sorcière le retrouvera. Ce qui dans le film n’est que vaguement exploité à travers un dessin gravé dans le bois (que l’on peut analyser et plus ou moins comprendre à la lumière des quelques phrases énoncées par Hauru) est assez central dans l’intrigue du roman. Il est tout au long de l’histoire question du poème de John Donne (Chanson) dont les deux premières strophes correspondent à la prophétie. De plus, on voit réellement que Hurle a peur et redoute la réalisation de cette malédiction dont on voit les vers prendre sens et se réaliser petit à petit.
D’autres éléments sont plus exploités dans le roman et paraissent donc plutôt mystérieux ou semblent tomber de nul part dans le film. Je pense notamment à l’identité de l’épouvantail, alias Navet. En effet, ce personnage sympathique du film qui s’apparente à un acolyte, un ami pour Sophie, est en réalité un personnage qu’elle fuit pendant les ¾ du roman parce qu’il l’effraie. On découvre finalement, comme dans le film, qu’il s’agit en réalité du prince Justin porté disparu. Toutefois, dans le film il en est très peu fait mention alors qu’il est question de cette disparition tout au long du roman. Le prince a disparu et le magicien Suliman (c’est de là que vient l’enchanteresse même si il n’y a pas de lien évident entre ces deux personnages) est envoyé par le roi pour le retrouver. La sorcière est suspectée de l’avoir enlevé, alors pour la vaincre il plante des fleurs afin de faire reculer le désert où elle règne. Il sera à son tour capturé et porté disparu. Ce sont ces disparitions qui font que Hurle sera sollicité par le roi pour les retrouver, mission à laquelle il tente d’échapper lâchement. Hurle finit par les retrouver mais… en pièces détachées ! Eh oui ! La sorcière s’est amusée à prendre une partie de leur corps pour son souverain idéal et a éparpillé et transformé le reste. C’est ainsi que le prince s’est retrouvé dans le corps de Navet et que le magicien Suliman s’est en partie retrouvé métamorphosé en homme-chien. Je n’en dirai pas plus si ce n’est que je comprends enfin pourquoi il y a un chien dans le film de Miyazaki bien qu’il ne semble pas servir à quoi que ce soit (si quelqu’un a une explication je suis preneuse !).
La famille de Hurle et l’importance de la sorcière sont liées à un autre personnage très important du livre : Mlle Angoriane. Institutrice du neveu de Hurle, elle fait tourner la tête du magicien ce qui rend jalouse et agace Sophie. Mais, sous le visage de la belle et soi-disant innocente et inoffensive Angoriane se cache une réalité inattendue ! Tout comme Hurle la sorcière possède un démon mais il semble que ce dernier se soit libéré et ait besoin d’un nouveau cœur et celui de Hurle semble être à son goût ! Dans le film il n’est pas du tout question d’un second démon c’est pourquoi je n’ai pas vu venir cette révélation finale très intéressante.
Pour parler du dénouement je dois revenir sur un fait que je n’ai pas encore commenté et qui est pourtant essentiel : Sophie a des pouvoirs dans le roman ! En effet, sans être une sorcière très puissante elle semble capable de donner vie aux objets. Ainsi, elle prédira l’avenir des chapeaux qu’elle confectionne, donnera un pouvoir d’attraction puissant à un des costumes de Hurle… On comprend alors pourquoi Calcifer lui révèle qu’elle est la seule à pouvoir briser le contrat qui le lie à Hurle en les sauvant tous les deux. La formule “que tu vives mille ans encore” prononcée par Sophie prend alors tout son sens alors que dans le film elle perd du poids en l’absence d’une explication.
La fin rime aussi avec retrouvailles familiales ! Alors que dans le film la belle-mère de Sophie la trahit et que Lettie n’est plus évoquée, on se retrouve avec une Happy End réunissant une bonne partie des personnages dans le roman. Au passage, on peut mentionner que la formule au début du roman, qui, si elle diffère du “Il était une fois” traditionnel, ressemble beaucoup au début d’un conte de fée avec un univers merveilleux, se termine sur une happy end dans la même ambiance.
Je terminerai cette partie en parlant de la relation entre Sophie et Hurle qui est différente dans les deux œuvres. En effet, dans le roman elle est à la fois plus piquante et plus réaliste car on la voit naître du côté de Sophie tandis que du côté de Hurle on apprend seulement par la suite que derrière certaines de ses actions et certains événement il y avait de la bienveillance. Hurle se montre attentionnée puisqu’il sait depuis le départ que Sophie est victime d’un sortilège et cherche à se renseigner, l’aider et lui faire plaisir tout au long du roman même si nous n’en avons pas conscience car ses actions sont soit mal interprétées, soit dissimulées par un autre objectif. Les révélations à la fin du roman le rendent alors encore plus attachant et la Happy end amusante nous réjouit et tombe sous le sens alors que dans le film on ne sait pas vraiment quand et surtout à quoi est dû le changement dans leur relation.
Je sais, face à cette liste vous avez l’impression qu’il manque énormément de choses et si vous n’avez pas encore vu le film vous doutez peut-être (à tort !) de la qualité de ce dernier.
Il est certain que si ce que vous attendez d’une adaptation c’est une fidélité totale alors vous serez peut-être déçu. Toutefois, une telle attente réduit à néant la possibilité du réalisateur de créer quelque chose, ce qu’a indéniablement fait Hayao Miyazaki. Le réalisateur japonais s'est en fait inspiré de l'œuvre originale et en a tout de même conservé une bonne partie, mais il y a aussi ajouté sa touche personnelle en plus d’une nouvelle couche d’interprétation.
Un des plus gros changements c’est la place de la guerre dans l’histoire. Si vous connaissez un peu les œuvres de Miyazaki vous savez qu’il défend à travers eux plusieurs luttes telles que le féminisme, l’écologie ou bien encore le pacifisme. La guerre est un thème récurrent dans ses œuvres et ici il en est presque au cœur. En effet, ce qui n’est qu’un détail, un élément rapidement évoqué, devient très important puisque Hauru s’absente souvent pour combattre cette guerre insensée qui déchire le pays d’Ingary. On voit cela à travers l’opposition d’Hauru face à l'enchanteresse Suliman qui, comme je l’ai expliqué plus haut, représente physiquement la guerre que le jeune magicien combat également physiquement en tentant d’arrêter les bombardements. Miyazaki montre l’absurdité de cette guerre, et au fond de toutes les guerres, avec le fait que l’on ne sait pas qui combat qui et surtout pourquoi. On notera aussi que Hauru ne prend partie pour personne et cherche seulement à sauver les civils qui ne comprennent pas et sont innocents dans l’histoire. Ainsi, c’est une fois encore avec intelligence que le maître de l’animation japonaise transmet son message.
Le second point sur lequel nous allons nous arrêter c’est l’intégration d’un voyage dans le temps qui permet alors à Sophie de découvrir les tenants et aboutissants du contrat qui unit Hurle et Calcifer et explique le fait qu’elle soit celle qui doit les libérer. En supprimant les pouvoirs de Sophie et toute l’intrigue autour du poème, il a bien fallu trouver une solution et celle-ci qui fut trouvée. Ainsi, alors que dans le roman Sophie fait elle-même le cheminement nécessaire pour comprendre, elle est aidée dans le film par ce voyage dans le temps initié par la bague confiée par Hauru sans que l’on comprenne tout.
Une adaptation libre permet de redécouvrir un univers qui nous a plu à travers un autre regard que celui de son créateur et cela peut-être très intéressant. En plus, vous évitez l’impression de déjà vu ! Alors, si Miyazaki a fait le choix de supprimer ou modifier certains éléments il en a aussi ajouté afin de créer cette adaptation poétique.
Si vous avez lu/vu le livre/le film, n’hésitez pas à venir me dire ce que vous en avez pensé ! Si vous êtes des connaisseurs ou des fans du studio Ghibli n’hésitez pas à me dire quel est votre film préféré (Miyazaki ou non ! J’aime beaucoup Takahata aussi par exemple).
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