top of page


Sélection jeunesse spéciale Seconde Guerre mondiale


«[L]es enfants ont droit à la vérité comme les grands, même quand la vérité fait mal», Claude Roy dans la préface de La grande peur sous les étoiles. Peut-on parler de tout avec les enfants ? A priori, oui, mais tout dépend de la manière. Aujourd’hui, en l’honneur de la journée du Souvenir et de la réconciliation en l’honneur des morts de la Seconde Guerre mondiale, on vous présente une sélection d’œuvres qui aborde le sujet sensible du génocide juif.




Les arbres pleurent aussi, Irène Cohen-Janca et Maurizio A. C. Quarello


Cet album opte pour un point de vue très particulier qu’est celui d’un arbre, et plus particulièrement un marronnier personnifié. Il s’illustre comme un narrateur externe aux événements, il est un simple spectateur immobile qui témoigne. Mourant, il tient à raconter ce qu’il a vu, là, au 263 Canal de l’Empereur à Amsterdam. C’est ainsi qu’il nous conte, sans la nommer pendant une grande partie de l’album, l’histoire d’Anne Frank. L’histoire ne rentre pas dans les détails mais vient retracer furtivement la vie de cette jeune fille juive qui a vécu pendant deux ans dans l’Annexe d’une maison avec sa famille et d’autre juifs, cachés, dans l’espoir de survivre et d’échapper au génocide. C’est un très bel album qui raconte la tragique histoire d’Anne Frank, mais aussi l’espoir et l’importance de ce souvenir.



Otto, autobiographie d’un ours en peluche , Tomi Ungerer


Otto, autobiographie d’un ours en peluche est un autre album dont le narrateur est personnifié. Je ne vais pas m’attarder sur cet album car nous lui avons accordé une chronique pour lui seul que nous vous invitons à lire si ce n’est pas déjà fait. Je dirais seulement qu’avec Otto arrive la notion d’autobiographie. En racontant son histoire personnelle, il apporte également un témoignage sur un contexte plus général. Il prend la place de narrateur témoin des événements tragiques en offrant une distanciation puisqu’il n’est que spectateur de ce qui se passe et qu’en tant que figure non-humaine, il est extérieur au conflit qui l’entoure. Contrairement au marronnier, il est un témoin avec une place de choix pour observer les événements.



La grande peur sous les étoiles, Jo Hoestlandt et Johanna Kang


Cet album c’est le récit rétrospectif d’Hélène qui revient sur un événement de son enfance La narration donne l’impression que c’est l’enfant qu’elle était qui raconte. Ainsi, le lecteur enfant est à égalité avec le narrateur qui est lui aussi une enfant, ce qui semble plus facile pour faciliter un lien. Hélène a une meilleure amie qui s’appelle Lydia et elles vivent une vie d’enfants de leur âge jusqu’à ce que Lydia soit obligée de porter une étoile jaune, car elle est juive. On remarque alors que cette étoile va devenir le fruit de leur différence. En effet, elle représente la discrimination envers les juifs et un poids sur les épaules de Lydia qui vit une réalité différente de celle d’Hélène. Alors que cette dernière continue à vivre comme si de rien n’était, alors qu’elle reste préservée de la cruauté humaine, Lydia est forcée de grandir. J’aime beaucoup que les choses ne soient pas dites explicitement et que seules les réactions de Lydia laisse deviner cette différence. Hélène qui a gardé un regard d’enfant est alors témoin d’événements sans comprendre à l’instant ce qui se passe et ne le comprend que par la suite. C’est une fois encore un très bon album.



Le Journal d’Anne Frank, Ari Folman et David Polonsky


Le Journal d’Anne Frank est une adaptation en roman graphique du Journal de la jeune fille éponyme. Le journal étant un récit autobiographique, la distance, plus ou moins importante, qui était maintenue avec les événements, est réduite au minimum. En effet, il s’agit d'un récit réel d’une personne ayant réellement existé, et elle n’est pas juste témoin, elle est aussi victime et c’est ce qui fait la différence avec les autres œuvres. On découvre l’histoire de cette jeune fille juive obligée de vivre cachée en espérant survivre. On découvre à la fois le contexte historique mais aussi en parallèle la vie dans l’Annexe, les conditions de vie difficiles, les moments de peur, de désespoir mais aussi les moments plein d’espoir et de joie. On découvre aussi ses préoccupations adolescentes car Anne, bien avant d’être juive, était une jeune fille comme les autres. Je n’ai pas lu l'œuvre originale mais je trouve le roman graphique vraiment super. J’ai trouvé vraiment bien que les personnes ayant travaillé sur cette adaptation aient gardé autant que possible l’essence du journal en conservant le plus possible les écrits d’Anne qui sont présents dans tout le roman graphique, par extraits ou entier. Et lorsque les propos d’Anne ne sont pas restitués tels quel, ils sont souvent adaptés, transformés en illustrations afin de mettre le plus possible de l'œuvre originale dans cette nouvelle œuvre. Je pense qu’il peut s’agir d’une très bonne première approche pour des jeunes lecteurs.

  • Photo du rédacteur: Kassandra & Léa
    Kassandra & Léa
  • 8 nov. 2020

Quand la littérature traite les diverses formes du harcèlement scolaire


Hier, c’était la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. C’est un sujet important qui, nous pensons, nous touche tous de près ou de loin, qu’on soit ou ait été la victime ou juste le témoin. En l’honneur de cette journée et la lutte qu’elle met en lumière, nous avons choisi de vous parler assez brièvement de 4 romans dans lesquels le harcèlement est, sans être au centre de l’histoire, un sujet important ainsi que 2 livres jeunesse illustrés qui, eux, traitent pleinement de ce sujet. On a trouvé intéressant de vous présenter des œuvres dont le harcèlement scolaire est motivé par des raisons différentes.


Geek Girl


Geek Girl c’est l’histoire d’Harriet Manners, jeune fille de 15 ans élevée par son père complètement immature et déjanté ainsi que sa belle-mère Annabelle qui, loin de la marâtre de conte de fées, a tout d’une mère de substitution pour la jeune fille qui a perdu sa mère. Heureusement pour elle, les opposés s’attirent et Annabel l’avocate met de l’ordre à la maison et mène son père à la baguette, lui apportant ainsi de la stabilité.

Harriet, c’est la jeune fille qui n'a pas beaucoup d’amis. Une seule en fait : Nat. Elles sont inséparables et pourtant si différentes. Là où Nat ne vit et respire que pour la mode et le mannequinat, Harriet, elle, n’y apporte aucune importance et surtout aucun intérêt. Elle n’y comprend rien. Ce qu’aime Harriet c’est apprendre des choses, regarder des documentaires, savoir toutes ces petites choses que personne d'autres ne connaît. Et c’est d’ailleurs ce qui semble déranger ses camarades. Harriet est ce que l’on nomme communément une intello ou une Geek. “Harriet la Geek”, voilà l’étiquette qui lui colle à la peau. Alors, lorsque son ennemie de toujours, Alexa, encourage toute sa classe à lui déclarer sa haine à coup de mains levées, c’en est trop. Harriet craque. Elle veut changer.

C’est là que l’intrigue principale arrive pour voler à son secours ! Par le plus grand des hasards et surtout la plus grande des maladresses, c’est elle, et non sa meilleure amie Nat, qui est repérée pour devenir l’égérie d’une très grande marque de mode ! Le rêve de milliers de jeunes filles, et de sa meilleure amie notamment, à portée de main, Harriet finit par accepter ce qui lui était encore impensable quelques jours plus tôt : elle va devenir mannequin. Elle, la rouquine d’une banalité à pleurer, va devenir mannequin, se transformer, passer de Geek à Chic… ou pas...


Le vilain petit canard va-t-il se transformer en cygne ?



J’ai vraiment adoré le premier tome de cette saga ! C’est une lecture vraiment sympa à lire pour vous mettre de bonne humeur. Certes, le thème du harcèlement scolaire, qui est important puisque c’est l’élément déclencheur qui poussera Harriet à vouloir changer, est un sujet assez fort mais l’auteure l’aborde d’une telle manière que le lecteur en tire des leçons sans que son moral ne soit trop mis à mal. En effet, le roman déborde d’humour ! Je n’ai pas arrêté de sourire et de rire tout au long de ma lecture ! Les personnages sont drôles, les situations cocasses,... Vraiment je n’ai rien à redire sur ce point ! Les personnages de leur côté sont attachants au possible, chacun avec son identité et son caractère bien définis. Les chapitres sont très courts ce qui permet de lire un petit peu dès que l’on a 5 minutes. Le plus dur c’est en fait de s’arrêter car la lecture est assez addictive !

Certains points sont un peu clichés mais c’est une excellente lecture adolescente (j’ai 21 ans et j’adore donc ça ne veut clairement rien dire, mais le public cible à l’origine est clairement les adolescents.es) que je recommande les yeux fermés si vous avez envie de passer un bon moment agréable pour vous détendre.



Eleanor & Park





1986, lorsque Eleanor, nouvelle au lycée, trop ronde, trop rousse, s’assoit à côté de lui dans le bus scolaire, Park, garçon solitaire et secret, l’ignore poliment tout en se disant qu’elle a tout pour être la bête noire des ados du lycée. Malheureusement il a effectivement raison et la grosse brute du lycée et sa peste de copine font très vite de sa vie un enfer. Socialement il se tirerait une balle dans le pied en fréquentant cette fille c’est pour ça qu’il fait tout pour limiter les contacts avec elle au début. Mais son allure le fascine et petit à petit, un profond attachement se crée entre eux notamment grâce à leur amour commun pour les comics et les Smiths. Ce sentiment survivra-t-il à l’enfer quotidien que vit Eleanor, aussi bien quand elle rentre chez elle qu’au lycée, malgré l’envie féroce de Park de la sortir de là ?








C’est un livre que j’ai attendu de lire pendant des années et qui au final m’a un petit peu déçue mais ça c’est parce que j’avais mis la barre très haute pour ce roman donc mon avis personnel est subjectif. En tous cas, ce qu'on ne peut pas lui enlever c’est que le thème du harcèlement scolaire est vraiment très présent comme vous vous en doutez. On voit comme il peut être facile de se faire influencer par la masse. On ose rien dire de peur de s’exposer aux bourreaux en voulant en défendre un autre. Alors on ne dit rien, on regarde de loin. C’est exactement ce qui va se passer pour Park. Il trouve lui aussi la nouvelle un peu bizarre alors il essaie de ne pas lui parler pour que les autres n’imaginent pas qu’ils sont amis et c’est pour ça que la relation des deux futurs tourtereaux est donc vraiment longue à se lancer. Malgré ses efforts elle l'attire inéluctablement et ils vont petit à petit se rapprocher. Ce que j’ai vraiment beaucoup aimé dans ce roman c’est le changement de point de vue. En alternant entre celui d’Eleanor et celui de Park le lecteur peut se plonger dans la peau de la première et vivre les brimades mais aussi partager la douleur, l'incompréhension et l’impuissance au début de ce garçon qui malgré lui ne peut rien faire pour arranger cette situation et n’en est que le témoin. Bon après il finit par réagir et on l’en remercie !


Heartstopper



Ceci est l’histoire de deux lycéens. Nick, le rugbyman au sourire solaire et Charlie, le musicien au cœur solitaire. Parce qu’ils évoluent dans des cercles différents, parce qu’ils n’ont pas le même caractère, leur amitié n’était pas gagnée. Pourtant, petit à petit, de façon irrésistible, Charlie tombe amoureux de Nick même s’il sait que Nick aime les filles et qu’il n’a aucune chance. Enfin c’est ce qu’il croyait parce que comme vous vous en doutez ce n’est pas exactement le cas. Pour ne pas mettre en péril cette amitié naissante qui compte pour lui plus que tout, Charlie préfère garder le silence…

Je ne vous en dis pas plus et vous laisse une part de mystère quant à la naissance de leurs sentiments mais vous vous en doutez si cette histoire est présente ici c’est que malheureusement Charlie va être harcelé mais cela se passe plusieurs mois avant le début de son amitié avec Nick. Dans chacun des trois tomes le sujet est abordé mais de manière très légère ou sous entendu. Le lecteur arrive après toute cette vague de haine, lorsque celle-ci est quelque peu retombée et que Charlie ne fait presque plus l’objet de brimades. La raison de son harcèlement, c’est sa sexualité, car dans cet établissement n'accueillant que des adolescents masculins l’homosexualité n’est franchement, mais alors franchement, pas très bien accepté. On apprend donc petit à petit que Charlie a été rejeté et mis à l’écart par beaucoup d’élèves n’ayant pour compagnie que celle de Tao son meilleur ami et celle de deux autres élèves de l’école. Comme je vous le disais lorsque Nick arrive dans la vie de Charlie il ne subit que très occasionnellement les remarques désobligeantes d’Harry la petite brute de l’école et si il finit par s’interposer il est trop tard le mal est fait et le harcèlement dont a été victime l’adolescent lui a causé des troubles du comportement alimentaire que Nick remarque très rapidement et qui l’inquiète beaucoup.



Adopted Love



Orphelin, Teagan erre depuis son plus jeune âge de foyers en familles d’accueil. Bad boy écorché par la vie, la justice le rattrape à l’aube de ses 18 ans. La sentence ? Un an de conditionnelle durant lequel il devra se tenir à carreau s’il ne veut pas finir en prison. Il ne lui reste qu’une chance de se remettre dans le droit chemin et c’est dans une ultime famille d’accueil qu’elle va se jouer. Mais la rencontre avec Elena, la fille aînée de la famille, risque de compliquer les choses. Cette dernière semble immédiatement éprouver de l’animosité à son encontre mais petit à petit Teagan à défaut de parler va beaucoup observer. Il remarquera par exemple qu’Elena ne mange quasiment rien et partageant une salle de bain avec elle, il va aussi remarquer qu’elle se fait vomir après avoir manger. Il va aussi remarquer que les gens qu’il croyait être les ami.es proches d’Elena sont en fait atroces avec elle. Je n’en dis pas plus pour vous garder, malgré tout, une part de mystère.

Bon tout d’abord je tiens à dire que c’est une trilogie que j’ai vraiment beaucoup beaucoup aimé, en la commençant je ne m’attendais absolument pas à tous ces rebondissements ni toutes les émotions par lesquelles l’histoire de Teag et Elena allait me faire passer. Mais pour revenir au sujet qui nous occupe aujourd’hui, le harcèlement scolaire, je dois vous dire que l’auteur nous le dépeint dans l’une de ces formes les plus extrêmes. Heureusement cela n’entraîne pas la mort de notre héroïne mais au plus profond d’elle-même c’est tout comme. Pour vous contextualiser un peu les choses il faut savoir qu’au détour d’une conversation entre nos deux héros nous apprenons qu’encore peu de temps avant l’arrivée de l’adolescent dans la famille d’Elena celle-ci souffrait d’obésité et était pour cette raison le souffre douleur de bon nombre de ses camarades. “Abject” est peut-être le mot qui vous vient à l’esprit en lisant ça mais le pire dans tout ça c’est que la plupart des moqueries et des remarques qu’Elena doit essuyer viennent de sa meilleure amie et de plusieurs de ses “ ami.es ”. Si vous croyez que c’est tout, là encore vous vous trompez car au fur et à mesure que les deux adolescents se tournent autour, développent des sentiments et se rapprochent physiquement, le lecteur et Teagan se rendent compte qu’Elena a énormément de mal avec les contacts physiques et c’est en lisant le journal intime numérique d’Elena que Teagan découvre le poteau rose. Alors oui c’est pas très correct mais là on le remercie puisqu’on découvre alors en même temps que lui qu’Elena a été agressée sexuellement, presque violée par le cousin de sa meilleure amie ainsi que par plusieurs de ses amis dans les vestiaires du gymnase. On a donc ici le harcèlement poussé à son paroxysme. Autant que vous le sachiez ce n’est vraiment pas facile à lire et c’est le sujet central de l’histoire qui va porter les 3 tomes donc accrochez-vous quand même si vous voulez vous lancer. Comme pour Eleanor and Park l’auteur nous permet de suivre surtout à partir du tome 2 les points de vues des deux protagonistes nous offrant donc le point de vue tantôt de la victime des agressions et brimades tantôt un d’un témoin extérieur à la situation.



On m’a dit


Il n’y a pas vraiment de récit mais plutôt de rapides portraits d’enfants ce qui ne me permet pas de vous faire de résumé.

Le volume 1 est pour les 3 ans et plus. Je trouve très intéressant d’avoir pensé à écrire une histoire destinée à de jeunes enfants afin de leur parler de ce qui pourrait leur arriver et ainsi les y préparer, les aider à affronter cela.


De jolies illustrations viennent accompagner un texte rythmé qui aborde avec une certaine douceur la souffrance des différents enfants que l’on rencontre. “Trop” petite, “trop” maigre, “trop” gros, “trop” noire… toujours trop quelque chose où pas assez autre chose. Le livre évoque aussi les moqueries sur les dents trop longues, sur les lunettes qui font une tête bizarre, sur les vêtements pas assez neufs et beaux, sur le zozotement,... Tout est prétexte au harcèlement est il bien que les auteures aient pensé à évoquer des motifs de harcèlement moins communs et pourtant bien existants.


Le livre va plus loin en montrant aussi la peur des enfants qui sont témoins du harcèlement de leurs petits camarades mais n’osent pas agir par peur de devenir une cible à leur tour. Mais en affrontant les autres, l’enfant peut représenter un espoir pour un autre enfant. Ce point de vue est très juste et très beau.

Ce livre est aussi très bien vis-à-vis de la présence des parents. Les enfants se confient souvent à leurs parents et ceux-ci sont là pour les soutenir, les réconforter, les aider, les conseiller. J’ai trouvé vraiment bien de montrer que les parents sont démunis mais qu’ils font de leur mieux.


L'œuvre se termine sur des bonus avec deux témoignages de petites filles qui expriment avec leurs mots ce qu’elles ont vécu puis on questionne ce qu’est le harcèlement et comment l’affronter avant de nous informer de chiffres effrayants sur le harcèlement.


Le volume 2 destiné aux 8 ans et plus est très intéressant lui aussi. On retrouve certains personnages du premier volume, qui ont bien grandi mais sont toujours victimes de harcèlement, et on en rencontre d’autres. Dans ce second volume de nouveaux motifs de harcèlement sont abordés tels que l’homosexualité mais on a surtout et toujours des adolescents qui subissent un rejet injustifié de leurs camarades parce que cela les amuse. Les enfants et les adolescents peuvent être très cruels entre eux et ce livre le montre bien. Les agressions morales, psychologiques, physiques tout comme les menaces et les intimidations sont d’une forte violence pour ses jeunes qui sont démunis et n’en parlent pas à leurs parents contrairement au premier volume. C’est d’ailleurs pour cela que les parents passent souvent à côté du harcèlement de leurs enfants puisque ces derniers tentent de le cacher du mieux qu’ils peuvent pour ne pas être une source d’inquiétude.


J’ai trouvé vraiment très intelligent de montrer que parmi les agresseurs il y a surtout une volonté de se faire accepter et qu’il est bien plus facile de faire partie du groupe des oppresseurs que des oppressés. A l'adolescence, le besoin de reconnaissance et d’intégration est parfois si fort qu’il rend égoïste. Mais le bourreau d’un jour n’est pas immunisé et peut devenir la victime du lendemain : c’est ce que présente l’un des portraits. Cela permet de montrer que les harceleurs ne sont pas forcément des personnes foncièrement méchantes, que derrière le harceleur se trouve un autre être humain, un adolescent qui est perdu.


Ce second volume destiné à un public plus âgé aborde des thèmes plus violents sans tabou mais avec beaucoup de finesse: la scarification et les tentatives de suicide. L'œuvre se termine sur la petite fille qui était centrale dans le premier volume et qui se sent terriblement coupable de ne pas avoir agi, d’être restée spectatrice. Le suicide d’un de ses camarades est le déclic qui lui fallait… Elle ne veut plus juste être spectatrice et laisser ça se reproduire. C’est à travers son personnage auquel le lecteur est invité à s’identifier que l’une des clé pour stopper ce fléau est donnée : tendre la main aux autres, s’entraider, se soutenir.



Voici donc seulement quelques livres que nous avons lu et trouvé intéressant de vous présenter autour du thème du harcèlement scolaire. Si c’est un sujet qui vous touche et vous intéresse sachez qu’il existe beaucoup d’ouvrages très différents (et pour tous les âges) qui traitent de ce sujet : témoignage, romans, BD, romans graphiques, albums…


Si vous êtes victimes de harcèlement ou que l’un de vos proches l’est, même si c’est difficile, essayez d’en parler à quelqu’un. Peut-être d’abord à un ou une amie puis à des adultes : parents ou autres membres de la famille, professeurs,... Si c’est trop difficile ou que vous ne voulez pas inquiéter vos proches on vous invite à appeler le 3020 qui est un numéro gratuit, anonyme et confidentiel où vous pourrez discuter avec des professionnels qui pourront vous aider et vous soulager d’un poids car vous n’avez pas à affronter cela seuls.es. Vous pouvez aussi aller sur www.nonauharcelement.education.gouv.fr/ où vous aurez accès à de l’aide et à des informations tout comme sur la page facebook dédiée : www.facebook.com/nonauharcelementalecole/timeline . En parler c’est le premier pas pour sortir de cet enfer.



Avez-vous lu une œuvre qui traite également de ce sujet et dont vous aimeriez partager le titre avec nous et nos abonnés ?


  • Photo du rédacteur: Kassandra & Léa
    Kassandra & Léa
  • 23 sept. 2020

Entre les mondes






Infos pratiques:


Auteur : Sébastien Vignoud (son site, sa page facebook, sa page instagram)

Date de publication : 29 juillet 2020

Maison d'édition : auto-édition









Résumé


Deux sœurs, une dispute et l'aventure incroyable qui en résulte ! D'un côté Églantine, la grande sœur, la sceptique, de l'autre Zoé, la petite sœur qui croit dur comme fer que la magie, la VRAIE magie, ça existe. Elle y croit tant qu'elle finit par invoquer, sans trop savoir comment, une drôle de créature répondant au nom de Jenkins qui va mettre un sacré bazar dans leur monde ! Oups... Grosse bêtises en vue ! Fini les disputes, les deux sœurs s'unissent pour tenter de réparer la dite bêtise et cela les mènera dans un drôle de couloir rempli de portes. Le Couloir, tel est son nom, permet de relier les différents mondes existants. C'est ainsi que débute le périple de nos deux héroïnes, dans ce couloir où elles rencontrerons divers personnages disposés (ou non) à les aider dans leur quête qui n'est pas des moindres : arrêter le perturbateur Jenkins et sauver l'Univers ! Rien que ça !



Avis


- SP traité par Kassandra -


Cette chronique est la toute première écrite dans le cadre d'un Service Presse et je tiens tout d'abord à remercier l'auteur pour sa confiance et la chance qu'il nous a offert malgré le fait que nous débutons seulement en tant que blogueuses littéraire et bookstagrammeuses.


Il s'agit de son premier roman auto-édité et il est à la recherche de retours donc n'hésitez pas à lui demander vous aussi un SP sur SimPlement.


Parce que les critiques constructives sont nécessaires pour s'améliorer et qu'un SP n'implique pas que des retours positifs, j'ai cherché à pointer autant les points positifs que les négatifs. Je tiens à dire dès le début que cet avis est le mien et que ce qui ne m'a pas plu peut plaire à quelqu'un d'autre donc ne vous arrêtez pas à ça et donner sa chance à ce roman.


Tout d'abord, il faut savoir que c'est un roman court de fantasy humoristique. Le format court peut être bien pour des lecteurs qui n'aiment pas forcément se lancer dans des pavés comme les jeunes lecteurs, mais c'est aussi le risque d'avoir une histoire où ça va trop vite et lors de laquelle on a pas le temps de vraiment s'attacher aux personnages et ce sont des problèmes que j'ai rencontré. J'y reviendrai. Je disais donc que la longueur de ce roman peut être un bon choix pour un public relativement jeune, des collégiens peut-être. On peut supposer que c'est effectivement le public visé puisque les deux héroïnes sont plutôt jeunes, surtout Zoé, même si leur âge n'est pas déterminé clairement dans l'histoire (dans le résumé il est indiqué que Eglantine a 11 ans).Le langage est parfois assez simple et enfantin tandis que le récit se révèle souvent comme simpliste. Les enfants se lassant vite et ayant une capacité de concentration limitée, la simplicité et les enchaînements rapides ne devraient pas poser de problèmes. En ce qui concerne l'humour, le nom de certains personnages sont censés être drôles (Piou Piou 1er, Kakaoku...) mais si ça peut bien marcher sur les enfants selon moi, un public plus âgé n'y sera pas vraiment réceptif même si l'idée du jeu linguistique est en soi une bonne idée.

Le soucis, c'est que d'une autre part, le récit ne semble pas adapté à des enfants. En effet, le lexique employé est parfois trop compliqué, trop riche pour un jeune public qui aurait besoin d'un dictionnaire à disposition pour comprendre. Le second soucis au niveau du langage qui pourrait poser problème pour ce public c'est le langage fleuri de certaines personnages... Et pour ce public plus âgé, plus critique tout paraît trop simple. On rentre un peu trop vite dans l'action, les éléments s'enchaînent très vite, trop vite. On a par exemple la manifestation magique qui n'est pas grandiose et qui disparaît aussi facilement qu'elle est apparue. Les problèmes se résolvent beaucoup trop vite (par exemple, lorsque Eglantine se dispute avec Kakaoku, ils se disputent et 5 minutes plus tard ils regrettent et se réconcilient.). Ainsi, on a un soucis de clarté et de cohérence qu'en au public visé par l'auteur.

D'autres soucis de cohérence et de clarté parsèment le roman. Tout d'abord, spatialement et géographiquement on ne sait pas où on se situe. Le langage nous permet tantôt l'impression que nous sommes dans une époque moderne et à d'autres moments on ne sait plus trop comme avec l'évocation de la « taverne ». Géographiquement, l'auteure invente une ville ce qui laisse supposer que les personnages vivent dans un monde différent du nôtre mais tout semble normal et semblable à notre monde. Au passage, le nom de la ville, « Sempervirent » est un adjectif que l'on utilise pour désigner les plantes qui ne perdent pas leurs feuilles et qui s'opposent au arbres dit caducs par exemple, comme le sapin qui perd ses aiguilles. C'est un nom original dont le choix ne doit pas être anodin, c'est dommage que l'on ait pas la moindre explication, justification à ce nom pourtant singulier. Ensuite, il y a, je trouve, des petits soucis dans la construction des personnages. Dans un premier temps, il y a le fait que l'on ne sait absolument pas quel âge ont les deux sœurs. On sait que Eglantine est l’aînée et on établi assez rapidement que Zoé est très jeune. Son personnage bien que relativement cliché reste cohérent. C'est une jeune fille qui croit en la magie, un peu capricieuse, aux réactions enfantines typiques. Ses « Quand est-ce qu'on arrive ? » nous la rendent familière et elle a un petit quelque chose de sympathique. En revanche, jusqu'à la fin je n'ai pas réussi à établir avec certitude l'âge de Eglantine ce qui est un peu gênant. Tantôt elle se montre mature et cultivée puisqu'elle connaît vraisemblablement le mythe d'Oedipe et aime lire a priori des articles encyclopédiques, tantôt elle boude comme une enfant. Ces deux aspects de sa personnalité m'ont un peu perdue.


Je pense donc que l'auteur gagnerait à retravailler les différents points énoncés ainsi que les suivants car d'autres petites choses peuvent selon moi être améliorées.

Premier point : les petites péripéties que vivent les personnages en traversant divers mondes pour atteindre leur destination ne sont pas déplaisantes mais elles n'apportent rien de spécial. J'entends pas là qu'il pourrait être intéressant que les petites aventures servent à enseigner quelque choses aux jeunes filles comme dans un roman initiatique par exemple. Ici, les péripéties sont un peu gratuites.

Deuxième point : certains éléments ne sont pas exploités totalement ou jusqu'au bout. En effet, le fait que le temps passe différemment dans le couloir et dans les mondes est d'abord sous-entendu lorsque la présentatrice du monde d'origine des deux sœurs parle des événements des « derniers jours » puis explicité par Kakaoku. Mais à la fin on zappe presque cet élément et l'auteur crée une incohérence, un manque de vraisemblance lors du retour des sœurs chez elles. Les parents auraient forcément réagi à la disparition de leur filles, prévenu la police par exemple, et auraient forcément posé des questions malgré la joie de les retrouver. La fin bien mignonne avec cette famille réunie pour partager des crêpes n'est pour autant pas crédible.

Troisième point : la résolution du problème « Jenkins ». Tous les personnages finissent par s’énerver ce qui n'a rien de productif et Zoé finit quand même par passer à tabac la créature ! La solution n'est clairement pas idéale tout comme la morale qui en ressort : « si la discussion ne fonctionne pas, réglons le problème par la baston ». Je pense que cette scène aurait justement pu être l'occasion d'avoir un moment comique : torture à base de chatouilles, combat de pierre/papier/ciseaux ou que sais-je ! Il y a plein d'autres solutions...

Quatrième point : en parlant de Zoé... une magicienne puissante ? Elle n'a rien fait de particulier jusque-là, ça paraît peu crédible et ça ne fait pas vraiment rêver. Au risque d'être encore dans le cliché, sa puissance pourrait être justifiée par sa foi incroyable en la magie qui serait la source de sa puissance magique. On aurait au moins une explication. Des petits événements étranges inexpliqués par-ci par-là pendant leur périple pourrait être sympa avec finalement leur explication lors de cette révélation.

Cinquième point : c'est peu important et subjectif, mais au début du roman les répétitions et insistances quant au fait que le récit se déroule en période estivale étaient peut-être un peu lourde.

Enfin, sixième point : la narration et la focalisation choisies. On a une narration à la 3ème personne avec plutôt des points de vue externe/omniscient. On nous parle peu des pensées des personnages etc ce qui aurait pu être utile pour s'attacher. Un narrateur-personnage aurait pu être intéressant pour ancrer encore plus le lecteur dans l'histoire puisque le récit est court et que c'est assez difficile de plonger totalement dans un univers en si peu de temps.


MAIS il n'y a pas que des points négatifs ou à améliorés ! Certaines choses sont déjà très bien !


J'ai trouvé l'idée des mondes multiples avec ce couloir qui les relierait originale et encore plus l'idée que cet Univers serait géré par des koalas ! Oui, oui, vous avez bien lu !

Ensuite, un point plutôt pas mal c'est l'humour. Certaines blagues comme celle du pélican ou la réplique de Janine (si vous voulez comprendre filez lire le roman !) étaient vraiment sympas ! Le côté absurde de certaines situations comme Kakaoku qui fait fuir une créature terrifiante alors qu'il n'est pas plus haut que trois pommes m'a fait sourire. Mais pour moi, le moment le plus drôle et probablement celui que j'ai préféré du roman est la rencontre que nos trois amis font au chapitre 10. La scène absurde et loufoque mettant en scène un paysan se prenant pour un empereur et son cousin nommé général des armées dont ils sont les deux seuls membres était épique ! J'ai beaucoup aimé ! Par la suite la scène se poursuit et le décalage entre la situation réelle et ce que présente le paysan/empereur est drôle. Ce dernier est d'ailleurs complètement ridicule ! Il continue son cinéma en parlant de négociations alors qu'il est en train d'éplucher des patates chez sa mère ! Il s'invente complètement une vie et il est le seul, avec son cousin, à vivre dans ce délire, délire que les autres personnages prennent plaisir à casser. Le comble c'est lorsque l'on se rend compte que celui que l'on prenait pour un adolescent un peu capricieux et perché est un homme de 35 ans... Un très bon chapitre !

Finalement, j'ai bien aimé la références à Oedipe avec la sphinge et son énigme ainsi que la rencontre avec l'homme banal rencontré dans le couloir. Il parle en anglais et les met en garde contre un danger. Il peut y avoir une complicité entre l'auteur et le lecteur puisqu'un lecteur comprenant l'anglais en saura plus que les personnages à ce moment-là MAIS attention, le danger c'est que le lecteur ne comprenne pas l'anglais à ce moment-là on perd cet avantage. Il serait donc judicieux d'ajouter une note avec la traduction. Une note ne serait pas de trop non plus pour expliquer la référence à la Sphinge pour ceux qui ne la connaîtrait pas ainsi que peut-être une traduction des personnages quand ils commencent à avoir du mal à parler de manière intelligible à cause de la créature aux oreilles de lapin.


Ainsi, je conclurai cette chronique en disant qu'il faut toujours commencer quelque part et qu'un projet n'est jamais parfait du premier coup. Il a toujours besoin d'être retravaillé et amélioré jusqu'à atteindre son plein potentiel. Je pense que l'auteur a encore du travail à effectuer sur ce roman qui possède des qualités et est prometteur. J'espère que mon retour sera suffisamment constructif pour apporter quelque chose de bénéfique à cette œuvre. Une fois encore je vous encourage à aller lire ce court roman parce qu'il y a autant d'avis que de lecteurs donc vous ne serez pas forcément toujours d'accord avec moi, mais aussi tout simplement parce que plus il recevra des avis divers, plus il aura les outils nécessaires et utiles pour progresser en tant qu'auteur.


Encore un grand merci à Sébastien Vignoud pour ce Service Presse !


Pied%20de%20page_edited.png
© Copyright
bottom of page