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  • Photo du rédacteur: Kassandra & Léa
    Kassandra & Léa
  • 4 avr. 2021

La Différence Invisible


Informations Pratiques

Auteur.e : Mademoiselle Caroline et Julie Dachez

Année de parution : 2016

Maison d’édition : Delcourt

Prix : 23.95€ (Relié), 15.99€ (Format Kindle)


Le 2 avril c'est la journée mondiale de la sensibilisation à l'autisme. A cette occasion nous vous présentons un roman graphique qui traite du syndrome d'Asperger.


Résumé


Marguerite est une jeune femme qui aux premiers abords peut paraître tout ce qu’il y a de plus normal : elle vit dans un appartement avec son chien et ses deux chats qu’elle adore, elle a un petit ami et quelques amis ainsi qu’un travail qu’elle fait très bien. Mais elle n’est réellement bien que chez elle, dans son cocon avec ses animaux qui ne la juge pas car son entourage ne la comprend pas. Elle n’aime pas les imprévus, elle a besoin de sa routine précise, elle ne supporte pas les bruits et les bavardages incessants, ne comprend pas le second degré, n’aime pas parler avec des inconnus, elle aime des sujets particuliers qui ennuient le reste du monde... Tout le monde la trouve un peu étrange, ils pensent qu’elle en fait trop ou bien qu’elle ne fait pas assez d’effort… Marguerite est fatiguée de se sentir différente sans comprendre pourquoi alors elle se met en quête de vérité et elle la trouvera en un mot : autiste. Un diagnostic qui va changer sa vie !



Avis


- Chronique solo de Kassandra -


J’ai découvert ce roman graphique il y a quelques temps et je l’ai trouvé vraiment bien et intéressant.


On suit tout d’abord le quotidien de Marguerite et on découvre sa routine bien huilée. On comprend rapidement que Marguerite aime et surtout a besoin que l’on respecte ses petites habitudes, que l’on ne brise pas sa bulle qu’elle aime silencieuse notamment. Marguerite n’est jamais plus heureuse que chez elle, dans son cocon rassurant avec ses animaux. Les petites choses, comme discuter de tout et de rien avec des collègues, qui nous paraissent normales ne lui sont pas instinctives voire la dérangent ce qui la rend étrange aux yeux des autres. Elle est réellement incomprise comme on le remarque rapidement. Dans la première partie du roman graphique il n’est à aucun moment mentionné que Marguerite est autiste, on laisse seulement constater au lecteur les désagréments quotidien que la jeune femme doit affronter encore et encore tels que les divers bruits, les bavardages,... qui l’angoissent, l’étouffent...

J’ai notamment trouvé le travail des couleurs très intéressant. En effet, la plupart des illustrations sont en noir et blanc que des couleurs viennent parfois habiter ce qui leur donne une importance particulière, accroche le regard. Pour vous donner un exemple, lorsque Marguerite arrive tôt au travail, tout est calme et silencieux. Puis, ses collègues arrivent et une ribambelle de “Blablabla” et autres bruits écrits en rouges envahissent l’espace jusqu’à ce que tout devienne rouge pour montrer l’angoisse progressive et grandissante qui gagne Marguerite. Je trouve que cela retranscrit visuellement très bien ce sentiment d’angoisse montante et étouffante.

Le grand tournant dans l'œuvre tout comme dans la vie de Marguerite c’est lorsqu’elle recherche sur internet ses symptômes afin de comprendre pourquoi elle est différente des autres car elle en a marre de subir cette différence sans la comprendre. C’est alors que ressort les termes “autiste” et “asperger”. Elle lit des témoignages dans lesquels elle se retrouve et prend rendez-vous avec un psychologue, puis avec un autre plus ouvert et à l’écoute qui l’oriente vers l’organisme qui lui fera passer les tests nécessaires à un diagnostic officiel. Ce qui pour certains pourrait sonner comme une sentence est une véritable délivrance pour Marguerite ! Elle est autiste et elle est normale !

J’ai aimé qu’on nous montre ce que peut ressentir une personne autiste asperger mais aussi qu’on nous montre les combats qu’elle mène au quotidien pour vivre dans une société sous-informée et parfois inadaptée à leur besoin. Suite au diagnostic Marguerite tente d’expliquer ce qu’est cette différence invisible à son entourage qui s’avère souvent très maladroit, intolérant, injuste, insensible et j’en passe ! Ce roman graphique c’est un peu une vraie leçon de vie qui peut permettre à des gens qui ne souffrent pas d’autisme à mieux comprendre celles qui en sont atteint, tout comme montrer à ces dernières que l’autisme n’est pas un fin en soi et qu’on peut très bien mener une vie “normale” malgré tout.

Si vous ne connaissez pas très bien le sujet mais que cela vous intéresse, ce roman graphique pourrait être une première approche sympathique que je vous recommande !




A l'occasion de la journée internationale de la visibilité trans qui a lieu le 31 mars nous vous présentons deux livres dont la transidentité est le thème principal. Nous espérons que cela vous plaira !



Appelez-moi Nathan


A sa naissance, ses parents ont accueilli une petite fille qu’ils ont appelée Lila. Malheureusement, la nature ne fait pas toujours bien les choses car Lila n’est pas une petite fille mais un petit garçon, ce dont il se rend compte dès son plus jeune âge. Alors que son corps change et devient une réelle source de souffrance psychologique, il réalise de plus en plus qui il est et décide de le révéler : il est un garçon, il s’appelle désormais Nathan et il a bien l’intention d’être complètement lui-même.


Ce roman graphique inspiré d’un témoignage raconte l’histoire d’un enfant qui est né dans le mauvais corps et va devoir se battre pour lui-même, pour faire comprendre à son entourage ce qui lui est parfaitement naturel et évident. Il s’agit d’un livre qui raconte l’évolution de Nathan, son rapport difficile à son corps qui ne lui correspond pas, ses relations avec son entourage et leur incompréhension, le regard des autres sur lui, son combat pour devenir aux yeux du monde Nathan et non plus Lila. En tant que personnes cisgenres (personne dont le genre attribué à la naissance correspond au genre auquel la personne s’identifie) il peut parfois être difficile de comprendre ce qu’est la transidentité puisqu’on ne le vit pas, et si, heureusement, les mentalités évoluent avec les nouvelles générations plus informées, cela reste un phénomène relativement incompris par une partie de la société. On a trouvé ce livre intéressant parce qu’il peut peut-être permettre à des personnes de comprendre ce qu’est la transidentité, les difficultés que les personnes trans peuvent rencontrer ou bien encore comment peut se passer une transition. Certes, ce livre n’est pas un documentaire et est incomplet dans le sens où il existe autant de transition que de personnes trans, mais cela peut être une première approche. On l’a personnellement vraiment apprécié car on a trouvé que le sujet est traité avec une justesse impressionnante (certaines images assez violentes émotionnellement frappent le lecteur de plein fouet et transmettent une réelle émotion). On vous le recommande si vous souhaitez mieux comprendre ce qu’est la transidentité ou que vous voulez aider quelqu’un à comprendre.



Celle dont j’ai toujours rêvé


Elle s’appelle Amanda et emménage chez son père qu’elle n’a pas vu depuis des années. Elle se fait des amies et rencontre un garçon, Grant, qui lui plaît beaucoup. C’est la vie d’une adolescente normale ? Oui, mais Amanda n’est pas tout à fait comme les autres. Amanda cache un secret qui lui a valu beaucoup de souffrance et ce nouveau départ est une nouvelle vie pour elle. Ce secret, va-t-elle vraiment pouvoir le garder pour elle ? Son secret, c’est qu’elle s’appelait Andrew.


Il en faut pour tous les goûts alors je suis contente de vous présenter cette fois-ci un roman qui raconte lui aussi l’histoire d’une jeune femme transgenre. Ce que j’ai particulièrement aimé c’est qu’on suit le quotidien d’Amanda qui rêve juste d’une vie normale en étant elle-même, être heureuse, se faire des amies, être aimer…, mais son secret plane au-dessus d’elle. Je ne peux pas entrer dans les détails au risque de spoiler mais ce roman dénonce plusieurs formes d’intolérance et montre en même temps la réalité d’une personne trans ainsi que celle de son entourage. C’est une fiction mais j’ai trouvé ça vraiment bien. De plus, le roman a été écrit par une femme trans ce qui, je pense à beaucoup joué dans cette justesse qui en ressort. J’ai notamment trouvé la note de l’auteure très intéressante. Je vous partage deux extraits qui seront bien plus parlant que tout ce que je pourrai écrire.

A ses lecteurs.trices cisgenres elle écrit : “J’ai peur que l’histoire d’Amanda devienne votre référence, d’autant qu’elle est écrite par une femme trans. Cette idée me terrifie ! Je suis une conteuse, pas une éducatrice. J’ai pris des libertés. J’ai romancé les situations afin de les intégrer à l’histoire. J’ai en quelque sorte suivi les stéréotypes et même contourné les règles afin que la transsexualité d’Amanda corresponde autant que possible aux idées normatives[...] J’espère que maintenant que vous connaissez Amanda, son expérience ne sera pas tant pour vous une règle à laquelle obéissent tou-te-s les autres transsexuel-le-s, qu’une incitation à comprendre encore mieux nos vies et nos identités, ainsi que votre idée de la question du genre et du sexe.”

Pour ces lecteurs.trices trans elle a écrit : “Si vous êtes différent-e-s d’Amanda, c’est normal. Contrairement à vous, elle n’est pas réelle. [...] Croyez-moi quand je vous dis que mon histoire est radicalement différente de celle d’Amanda. [...] Il n’y a absolument rien de mal à exprimer votre véritable identité ! Vous êtes magnifiques et vous méritez que l’on respecte votre corps, votre identité et vos choix.”



Moi je vous demande seulement : qu’attendez-vous pour les lire ?


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    Kassandra & Léa
  • 7 mars 2021

Peau d’homme


Informations pratiques

Auteur et illustrateur : Hubert et Zanzim

Date de publication : 2020

Maison d’édition : Glénat

Prix : 27€


Nous sommes le dimanche 7 mars 2021 et nous publions aujourd'hui une chronique en lien avec une journée importante qui aura lieu demain, le 8 mars, et il s'agit de la journée des droits des femmes. A cette occasion nous avons eu envie de mettre en avant ce roman graphique.


Résumé


Bianca a dix-huit ans et ses parents ont estimé qu’il est temps pour elle de se marier… Bienvenue dans la Renaissance italienne ! Alors qu’elle voudrait, à défaut de choisir son mari, pouvoir le connaître un peu mieux avant de l'épouser, sa marraine lui offre le moyen d’y parvenir. Une peau d’homme se transmet de génération en génération aux filles de sa famille. C’est ainsi que Bianca entre dans la peau de Lorenzo, son double masculin qui ne lui permettra pas seulement d’ouvrir les yeux sur Giovanni, son fiancé, mais surtout sur la société injuste et hypocrite dans laquelle elle vit. En effet, dans la peau de Lorenzo, Bianca ouvre des portes qui lui étaient fermées et se découvre des libertés dont elle ne pourrait même pas rêver en tant que femme. Des questions émergent alors : Pourquoi en tant que femme elle ne pourrait pas avoir une sexualité épanouit ? Pourquoi les femmes sont-elles désignées comme les coupables de tous les maux là où les hommes ne seraient que de pauvres victimes ? Pourquoi n’ont-elles pas le droit d’être libres de leur esprit et de leur corps si les hommes le sont ?

Bianca découvre grâce à Lorenzo ce que c’est que de vivre hors des limites que son sexe lui impose et il est fort compliqué de se laisser enchaîner de nouveau lorsque l’on a pris goût à la liberté... Le pourra-t-elle ?



Avis


Dans ce roman graphique l’auteur et l’illustrateur travaillent de pair afin de questionner avec humour les prisons morales du passé qui résonnent parfois encore dans notre présent et qui nous limitent.


Ce roman graphique aborde plusieurs thèmes tels que l’inégalité entre les sexes bien évidemment mais aussi l’homosexualité, le travestissement, le catholicisme…

En effet, avec cette bande dessinée on fait un plongeon dans la renaissance italienne, une époque assez lointaine de la nôtre où les mœurs de la société n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Par exemple, la religion très importante à cette époque, joue un rôle majeur dans la vie des gens et s’avère dure, accusatrice et injuste. En effet, le frère de Bianca illustre une vision sans nuance et fanatique de la religion qui le pousse souvent à s’en prendre aux femmes qu’il accuse d’être des tentatrices dont il faut cacher le corps. Lorsque l’on y réfléchit bien le sujet est toujours d’actualité comme le prouve les remous qui ont eu lieu récemment concernant les tenues dites correctes ou incorrectes pour les filles dans le milieu scolaire. Le discours de Lorenzo, alias Bianca, vers la fin de l'œuvre sonne très justement et de manière universelle.

La religion s’en prend également aux hommes homosexuels qui sont très mal vus par les catholiques et se voient obligés de se cacher et d’être prudents car ils sont victimes d’une vraie chasse au sorcières. On ne s’attendait pas à voir ce sujet traité dans cet ouvrage mais on a trouvé cela intéressant et une fois encore avec une résonance contemporaine puisque les personnes homosexuelles sont victimes de discriminations et de violences dans certains pays qui ne les acceptent pas.

Finalement, le sujet qui traverse l’œuvre de bien des façons c’est l’inégalité des sexes avec le mariage arrangé auquel la jeune fille n’a pas grand chose à dire et est vendu comme un animal ou bien encore la liberté des hommes qui peuvent tromper leurs femmes sans vergogne presque aux yeux de tous sans être incriminé alors que ces dernières ne le peuvent pas au risque d’être lynchées publiquement,... On a beaucoup aimé la manière dont Bianca ouvre les yeux, les siens, mais aussi ceux de son entourage afin de montrer que leur société est ridiculement injuste. On a aimé sa détermination à changer cela, à se libérer des limites que sa naissance lui imposait afin de vivre comme elle l’entend. On a tout simplement aimé voir cette figure féministe avant l’heure secouer tout ce petit monde.


En somme, Peau d’homme est un roman graphique intéressant qui critique bien des choses du présent à travers une histoire qui se situe pourtant dans le passé, de quoi montrer que toutes les barrières ne sont pas tombées et que notre société maintient certaines limites qui ne tient qu’à nous de faire tomber afin de savourer notre liberté à l’image de Bianca.


PS: Vous remarquerez sur cette photo de très beaux livres qui ont eux aussi une portée féministe au cas où vous voudriez agrandir votre bibliothèque avec des ouvrages de ce genre.


Notre avis en un GIF


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