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  • Photo du rédacteur: Kassandra & Léa
    Kassandra & Léa
  • 13 déc. 2020

Les fiancés de l'hiver

Tome 1

Informations pratiques

Auteur : Christelle Dabos

Date de publication : 2013

Maison d'édition : Gallimard Jeunesse

Prix : 19€ (broché) ou 8.70€ (poche)


Résumé


On ne sait pas vraiment comment, on ne sait pas vraiment pourquoi, mais notre monde tel que nous le connaissons s’est effondré. Le monde s’est disloqué et désormais il se divise en douze arches dirigées par des esprits de famille dont les pouvoirs magiques se sont en partie transmis à leur descendance. Ophélie a grandi sur l’arche d’Anima où les objets prennent vie grâce aux pouvoirs de ses habitants. Chacun à sa spécialité et Ophélie est une fantastique liseuse : elle peut lire des fragments du passé des personnes ayant été en contact avec un objet en touchant ce dernier. Et ce n’est pas tout, elle a également la rare capacité de traverser les miroirs !

Ophélie mène une vie qui lui convient, libre et indépendante, jusqu’à ce que la grande nouvelle frappe à sa porte : les doyennes lui ont trouvé un fiancé ! Et cette fois-ci pas question de se défiler, hors de question qu’elle confirme le dicton “jamais deux sans trois” et elle l’a bien compris…. Bon retour à l’époque du Moyen-Âge où l’avis des femmes ne valait pas un copec ! Par chance, le fiancé d’Ophélie se révèle être gentil, doux, attentionné, drôle, et surtout très beau garçon ! Mais non, on blague ! Pour vous donner une idée, Thorn est aussi aimable que s’il avait été élevé par des ours ! Et encore… Il se montre si froid envers tout le monde que son regard aurait de quoi vous transformer en statue de glace, une sorte de Méduse des glaces.

Et puis, cerise sur le gâteau : pas de voyage de noces sous les tropiques pour Ophélie qui emménage, en moins de temps qu’il n’en faut pour dire “En route mauvaise troupe” au Pôle, une arche bien à l’image de son fiancé : glaciale !

Bon, parce qu’il ne faut pas abuser, elle reçoit heureusement un accueil chaleureux de la part des habitants, de quoi lui réchauffer un peu le cœur… Quoi ? On se moque encore de vous ? Oui, bon, d’accord, il semblerait plutôt que la coutume veuille que les habitants soient aussi redoutables et fourbes qu’il est possible de l’être. Ils sont les maîtres de l’illusion autant pour dissimuler les aspects déplorables de la ville que leur vrai visage.


Un constat se dessine rapidement : ce mariage ne semble réellement réjouir personne, Ophélie et Thorn en tête de liste, alors pourquoi est-elle là ? Pourquoi son identité doit-elle rester un secret pour ne pas la mettre en danger ? Dans quel bourbier l’a-t-on fourré ?

Propulsée dans la cage aux fauves, Ophélie va devoir la jouer fine pour découvrir la vérité et éviter les dangers.


Avis


La passe-miroir c’est un peu la nouvelle saga que l’on ne présente plus ! Toutefois on a envie de vous en parler et on se dit que certains d’entre vous n’ont peut-être pas encore succombé à l’univers de Christelle Dabos donc c’est parti !

Tout d’abord, il faut reconnaître que la plume de l’auteure est de qualité. On entend par là qu’elle est littérairement riche. Diplômées d’une licence de lettres on a l’habitude de décortiquer des textes et si on le fait par exemple avec le début du premier chapitre on se rend compte de la richesse linguistique déployée par l’auteure ! Ajoutons à cela que c’est juste bien écrit et fluide à la lecture, ce qui est sûrement le plus important au fond !

Avec cette plume talentueuse Christelle Dabos peint et brode avec finesse un univers original qui semble s’inspirer de plein de choses tout en étant très singulier. Tout comme J. K. Rowling avant elle, Christelle Dabos a su créer un monde riche avec ses codes et ses particularités. Cet après-monde mélangeant notre monde actuel, mythes et magie est très intéressant et l’on est toujours curieux d’en apprendre plus. Ce premier tome offre un cadre solide pour la suite en apportant beaucoup d’informations tout en les dosant afin de ne pas noyer le lecteur.


L’auteure a également un grand talent lorsqu’il s’agit de donner vie à ses personnages. On apprécie tout particulièrement le fait qu’elle apporte de l’importance même aux personnages qui en ont peu dans l’histoire en leur donnant des caractéristiques particulières, notamment des tics de langages ou une certaine manière de parler qui leur apporte une note d’authenticité.

Les personnages sont hauts en couleur ce qui les rend plutôt attachants. Commençons par Ophélie. La chose que l’on aime beaucoup chez elle, et chez Thorn aussi d’ailleurs, c’est qu’ils ne correspondent pas aux canons de beauté. Contrairement à la grande majorité des personnages principaux de romans adolescents, ils ne sont pas des icônes de beauté et c’est franchement rafraichissant. Ophélie est petite, myope comme une taupe, pas très jolie dans le sens de banale et pas de bol elle est en prime maladroite comme pas deux ! Elle le sait et s’en moque pas mal ! Ne comptez pas sur elle pour se transformer en reine de beauté pour faire plaisir à qui que ce soit. Thorn de son côté est grand et fin, tout en os, un nez dont Cyrano aurait pu dire de jolies choses et des cicatrices qui ornent son visage et parsèment son corps. En lisant ça on se dit qu’il y a eu un problème dans le casting ! Et pourtant non et c’est tant mieux. D’ailleurs, pas d’erreur dans le scénario avec ces deux fiancés qui n’auront pas droit à un beau coup de foudre : Hallelujah ! Nous on apprécie franchement que l’auteure ait choisi de ne pas s’inscrire dans une route de clichés car même si on aime bien ce genre de romans, le changement est sympa.

Pour en revenir à Ophélie, on aime aussi le personnage de manière générale, son caractère et sa personnalité. On a aimé la suivre dans cette aventure atypique et surprenante qui va la faire évoluer. C’est d’abord une jeune femme un peu naïve et réservée qui va finir par s’affirmer et montrer tout l’étendu de son intelligence et de sa malice tout en cultivant sa liberté d’esprit et son indépendance. C’est une héroïne imparfaite mais moderne qui touche le lecteur.

En ce qui concerne Thorn, il n’est pas des plus amicaux au départ mais on finit par s’attacher petit à petit à cet homme bourru et un peu sauvage même si on ne sait pas trop sur quel pied danser. Derrière sa forteresse de froideur on semble apercevoir un cœur qui bat et on a envie d’en voir plus.

Pour les autres il y a la famille un peu étouffante d’Ophélie, sa tante à la langue bien pendu qui cherche vainement à la protéger, Berenilde que l’on apprécie un coup sur deux car elle est loin d’être facile à cerner, l’extravagant Archibald qui n’est peut-être pas celui qu’il laisse transparaître, mais aussi le chevalier qui sous ses airs enfantins et innocents déclenche un drôle de sentiment en nous, ou bien encore finalement les amicaux Renard et Gaëlle.


Pour terminer on va simplement vous assurer qu’avec ce roman vous allez être propulsé dans une histoire aux multiples intrigues, sentimentales et politiques, qui ne vous laisseront aucun répit car à l’image d’Ophélie vous ne saurez pas à qui faire confiance… La Passe-Miroir, c’est un récit un peu complexe et intriguant qui vous happera certainement dans cette quête de vérité !

Notre avis en un GIF :


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    Kassandra & Léa
  • 15 nov. 2020

Lulu, il était une fois une princesse


Informations pratiques :

Auteur : Lulu Inthesky

Maison d’édition : Jungle !

Année de publication : 2013


Lulu, il était une fois une princesse est une bande-dessinée humoristique et parodique du conte de fées réalisée par Laetitia Lamblain sous le pseudonyme de Lulu InTheSky et publiée en 2013. On retrouve d'entrée de jeu une référence au conte de fées avec la célèbre formule « Il était une fois » dans le titre. Des références sont également présentes dès la couverture avec les chaussures de verre de Cendrillon, les longs cheveux blonds qui rappellent ceux de Raiponce et la présence du crapaud qui renvoie à plusieurs contes où une princesse doit embrasser un crapaud pour qu'il se transforme en prince. Toutefois, dès la couverture, la couleur est annoncée puisque le crapaud n'a pas vraiment l'attitude d'un prince et son langage laisse à désirer. Ainsi, le ton est donné. Les stéréotypes de la princesse parfaite made in Disney vont en voir de toutes les couleurs ! Si vous êtes fan de Disney vous aimerez certainement cette BD très sympa où les références et les clins d'œil sont nombreux. Je trouve que la BD est très intéressante c’est pourquoi plutôt que vous proposer une simple chronique avec mon avis je vais l’analyser et la décortiquer pour vous dans le but de notamment démontrer que des BD aux allures plutôt simples et “juste sympa”, “feel good” peuvent être très riches en réalité.


Quand le conte de fées rencontre la réalité : analyse de la BD


Lulu, une princesse moderne et surtout réelle


On découvre effectivement dans cette BD les aventures d'une jeune femme moderne et parisienne à la recherche du prince charmant tel qu'on nous le vend dans les contes de fées. Avec un style très girly, l'auteure reprend les stéréotypes du conte de fées. Toutefois, ces stéréotypes sont tournés en ridicule car Lulu n'est pas une princesse parfaite et elle ne vit pas dans un conte de fées, mais dans la réalité ce qui change tout et crée des situations cocasses.


Un style « girly » pour une princesse qui veut voir la vie en rose


Ce qui est nommé le « style girly » s'illustre avec la présence d'héroïnes féminines et clichés dont les centres d'intérêt sont principalement les hommes, la mode, etc... Elles doivent correspondre à une image ancrée dans la société. C'est également un style à la gloire du rose et autres couleurs vives et des paillettes. Associé à la BD, cela a donné ce qui est généralement nommé la « BD girly ». Toutefois, des auteures de BD soit disant « girly » se sont exprimées sur le sujet : « BD "girly" "a une connotation péjorative, ça veut dire kawaii (mignonne en japonais), un peu niaise » selon Nine Antico tandis que Pénélope Bagieu exprime une interrogation sur la nature de ce genre de BD : « La BD girly, qu’est-ce que c’est, sinon un terme ultra-condescendant pour parler de l’autobiographie féminine? ». Si le terme est selon elles négatif, Lulu, il était une fois une princesse, s'illustre clairement dans ce style puisqu'elle cumule chacun des éléments énoncés pour le définir. On peut imaginer que le choix de ce style permet de parfaire la parodie du conte de fées.


Princesse recherche prince


Lulu chante à tue-tête dès les premières planches de la BD qu'elle cherche le prince charmant et le confirme à son lecteur quelques pages plus loin. Probablement bercée par les contes de fées de Disney, elle emménage sur Paris pour trouver son « Prince charming » qui doit évidemment être : « à la fois viril et sensible, beau mais pas trop, jeune et aussi mature, charmant mais pas charmeur... », en somme l'homme parfait qui n'existe pas, tout comme Lulu n'est pas parfaite. Son prince, Lulu espère le croiser lorsqu'elle se promène au parc Monceau qui représente un cadre romantique et idyllique pour cela selon les clichés, mais elle déchante vite et passe d'un regard rêveur, idéaliste et naïf à un point de vue plus pessimiste mais plus réaliste. La désillusion paraît totale du point de vue du lecteur lorsqu'elle rencontre non pas un prince mais un crapaud qui parle. Cela peut faire penser aux contes de fées avec la malédiction que seul le baiser d'une princesse peut rompre, mais Alberto n'a rien d'un prince et ce qui apparaît comme une scène de coup de foudre avec le cœur rose autour d'eux et les oiseaux semblables à ceux que l'on retrouve chez Disney, se révèle être une scène ridicule. En tant que princesse moderne Lulu est condamnée à chercher son prince sur un site de rencontre ce qui rappelle la vraie vie. Tout comme dans la vraie vie, Lulu va vite déchanter en se confrontant aux problèmes rencontrés par les femmes qui les utilisent. Le premier message qu'elle reçoit vient d'un homme un peu cavalier et peu sérieux multipliant les sous-entendus sexuels en reprenant des titres de Disneys en les détournant ainsi que de photos très explicites. Le premier homme qu'elle rencontre, surnommé avec justesse « Le Plou(c)tocrate » est un goujat. Le deuxième, ressemblant à Quasimodo avec un T-shirt Stitch, ne correspond pas du tout à sa photo de profil en plus d'employer des techniques de drague pas très fines. Les suivants ne seront pas mieux. Princesse ou pas, Lulu est logée à la même enseigne que toutes les femmes.


Une princesse gracieuse et délicate en toutes circonstances... ou pas !


La princesse idéale est une belle femme féminine, élégante... Si Lulu tente de coller à ce cliché en s'habillant et se coiffant bien et en cherchant à parler de manière distinguée en toute circonstance, elle perd parfois la face. En effet, son sang ne fait parfois qu'un tour lors d'échanges avec certaines personnes, ses voisins au début de la BD et des jeunes hommes l'accostant dans la rue quelques pages plus loin par exemple, et elle en perd ses bonnes manières. Lulu se met alors à déverser toute une flopée d'insultes imagées et originales qui n'ont rien à faire dans la bouche d'une princesse. D'un point de vue graphique, ces déferlements de colère sont dessinés en noir et blanc, exception faite du visage où l'on retrouve des couleurs chaudes pour montrer sa colère, avec un tracé plus grossier la montrant défigurée, disproportionnée.... Elle ne paraît pas non plus très distinguée lorsqu'elle s'entraîne à embrasser avec une cuillère ou qu'on la voit se goinfrer avec différentes sortes de nourritures peu raffinées avec des manières qui ne le sont pas plus.


Princesse de conte de fées ou fée du logis


Cuisinière, ménagère et mère émérite, la princesse parfaite s'illustre comme une femme multitâche. Toutefois, Lulu n'est pas encore au point pour en être une. Tout d'abord, la cuisine. Catastrophe des fourneaux, avec elle c'est le cauchemar en cuisine assuré puisque si elle « cuisine avec Amour », le résultat n'est pas concluant et elle rate même des pâtes. Pour le ménage, Lulu annonce, à la leçon 6 de son guide du « savoir-vivre de la princesse parisienne » , vouloir « Être aussi bonne ménagère que Cendrillon ». De ce côté-là, il y a encore des progrès à faire car la bataille avec l'aspirateur, sa chevelure en train de se faire aspirer par la bête qu'elle monte, empoigne et mord, n'est normalement pas au programme. Finalement, la formule finale de tout bon conte de fées est en péril car Lulu n'aura cesse de déclarer qu'« [elle] hai[t] les mômes » voire qu'« [elle est] allergique aux gosses » menant ainsi dès le leçon 1 de son guide à une révision de la formule : « Vivre heureuse et avoir beaucoup d'enfants ». Ainsi, pour la princesse parfaite il faudra passer son chemin.



Les contes de fées de Disney tournés en dérision par de nombreuses références


On retrouve effectivement énormément de références aux films Disney qui ne servent qu'à se moquer un peu plus de ces derniers.


Chez Disney on pousse la chansonnette


Comme ses idoles, la princesse Lulu multiplie les chansons et pas n'importe lesquelles : les chansons issues de l'univers Disney. Allant de Blanche-Neige (« Un jour mon prince viendra ») à La Petite Sirène (« Là-bas ») en passant par La Belle au Bois Dormant (« J'en ai rêvé ») ou bien encore Cendrillon (« Chante Doux Rossignol », « Tendre rêve »). Les chansons sont nombreuses et facilement reconnaissables. On retrouve une ambiance similaire à celle que l'on retrouve dans les Disneys avec notamment au début de l’œuvre des nuages et un ciel dans des tons roses ce que l'on peut associer au rêve notamment. Les chansons sont une marque de fabrique des films du célèbre studio d'animation américain et Lulu semble avoir intégré cela puisque la leçon 3 s'intitule « Chanter l'amour ». Cependant, cette fois aussi, la rencontre avec le réel et une princesse imparfaite change la donne. Lulu chante terriblement faux comme le montre la typographie qui fait des vagues, les mots qui se tordent, etc... ainsi que l'appendice de la bulle qui semble vibrer. Cela peut aussi être montré par un changement de police moins élégante et plus épaisse pour montrer que Lulu crie et que cela n'a plus rien de mélodieux comme le laisse aussi entendre son visage rouge et sa bouche grande ouverte. De plus, la dimension réelle de l’œuvre crée des ruptures avec ces moments où Lulu semble se perdre dans une certaine fiction. Dans le premier cas, ce sont les voisins qui viennent frapper à la porte énervés car elle les réveille à force de chanter à tue-tête en pleine nuit. La rupture est aussi graphique puisque l'on passe du jour avec des tons roses et oranges à la nuit dans des tons plutôt violet et bleu foncé. Dans le second, la rupture s'opère lorsque l'on réalise que contrairement à ce que l'on pensait, Lulu n'est pas dans la nature mais dans une boutique dont la vendeuse interrompt la jeune femme pour lui demander de quitter les lieux car elle chantait pour un oiseau empaillé. Le décalage rend le tout comique car il y a une exagération des stéréotypes qui les rend complètement risibles.


Une impression de déjà vue/entendue...


Les chansons ne sont pas les seules à être reprises par l'auteure, on retrouve des répliques voire des images marquantes des films. Pour les répliques on en retrouve une tirée de La Belle et la Bête dite à l'origine par Belle et qui est prononcé dans la BD par Alie : « Madame Gaston ? Non mais quelle idée ! ». Dans les deux cas on se révolte à l'évocation stupide d'un couple entre l'héroïne et Gaston, la brute avec peu de cervelle. La seconde réplique que l'on peut noter est dite par Lulu dans la même scénette et est empruntée à Jasmine qui s'indigne alors que l'on cherche à la marier sans lui demander son avis : « Je n'suis pas le premier prix d'une tombola ! ». Un autre élément permet de faire le lien avec Jasmine et il est graphique. En effet, Lulu porte une robe de la même couleur que les vêtements de Jasmine. Enfin, en ce qui concerne l'aspect visuel on va également retrouver une référence claire à La Petite Sirène qui renvoie au moment après le sauvetage du prince Eric où elle finit sa chanson sur le rocher, de par la posture qu'elle adopte, les grands yeux bleus brillants et la vague qui rencontre le rocher.


L'appel de la nature


La nature, et plus particulièrement les animaux, sont particulièrement liés aux princesses Disney. En effet, ces dernières sont souvent entourées d'animaux, surtout les princesses anciennes générations, notamment quand elles se mettent à chanter comme c'est le cas chez Blanche-Neige par exemple. Dans la BD on semble retrouver les oiseaux bleus de Blanche-Neige. On semble donc vouloir recréer ce lien. Toutefois, la parodie apparaît en partie grâce à des décalages comme lorsque Lulu chante au début de l’œuvre entourée de lapins et autres animaux vivant dans la forêt alors qu'elle habite au dernier étage d'un immeuble parisien. On peut aussi parler d'Alberto, le crapaud. Ce personnage grossier à l'humour vulgaire n'est envisagé comme un potentiel prince pour Lulu que lorsqu'elle le rencontre dans le parc. Par la suite, il s'illustre plutôt comme un acolyte. Les princesses sont souvent accompagnées par des animaux qui sont leurs amis : les souris pour Cendrillon, un caméléon pour Raiponce, un poisson pour Ariel... Alberto semble donc prendre ce rôle auprès de Lulu puisqu'il vit avec elle et intervient souvent pour créer un décalage.


Quand fiction et réalité fusionnent

La BD fait beaucoup de références à des personnages Disney que cela se fasse uniquement par l'évocation de noms comme c'est le cas pour Monsieur Gepetto et son fils qui renvoient à Pinocchio ainsi que le musicien Thomas O'maley qui évoque le chat des rues des Aristochats, ou bien en reprenant le physique de certaines personnages. C'est le cas des amies de la concierge de Lulu qui ressemblent respectivement à Aladdin, Jafar et le Sultan mais en femmes. La transposition aura tendance à amuser et surprendre le lecteur. La ressemblance est poussée encore plus loin car la première s'appelle Alie d'Ababoua et vit rue d'Ababoua ce qui fait penser à Aladdin qui se fait passer pour le prince Ali Ababoua. La deuxième se nomme Jafah, ce qui est quasiment identique à Jafar et elle vit rue du Vizir ce qui rappelle le poste occupé par ce dernier. Enfin, la dernière porte le nom de Sultanne ce qui renvoie au Sultan du film, dont on ignore le nom, et vit boulevard d'Agrabah qui est la ville où se déroule tout le film. Bien que très explicite, il ne s'agit que de références et de clins d’œil aux œuvres Disney, mais les personnages apparaissent vraiment aussi. On voit en effet apparaître Aladdin que Lulu tente de draguer jusqu'à ce que sa mère, Alie, intervienne pour lui rappeler qu'il est fiancé à Jasmine, la voisine. Plus loin, elle rencontre le prince Eric qui a bien envie d'aller danser avec Lulu, mais Ariel n'est pas loin et ne l'entend pas de cette oreille. Enfin, Tiana a rencontré Alberto qui semble refuser les avances de la princesse. Ainsi, les personnages de fictions envahissent la réalité de Lulu et la frontière entre la fiction des contes et la réalité est brisée.



L’analyse est terminée ! J’espère que cela vous aura intéressé ! N’hésitez pas à me dire si cela a été le cas ou non (je ne me vexerai pas rassurez-vous !) et dans ce dernier cas ce serait sympa de m’expliquer pourquoi afin de pouvoir faire mieux à l’avenir.


Quel est votre Disney préféré ? Et quel/quelle prince/princesse aimeriez vous rencontrer dans la vraie vie ?


Mon avis en un GIF (disney of course !) :


  • Photo du rédacteur: Kassandra & Léa
    Kassandra & Léa
  • 31 oct. 2020



Informations pratiques

Auteur : Georgia Caldera

Année d’édition : Première édition en 2011 / Mon édition date de 2019

Maison d’édition : Editions du chat noir / France Loisirs

Prix : 8.90€/tome aux éditions J’ai Lu (L’intégrale n’est plus disponible)



Résumé


Cornélia est une jeune femme de 19 ans dont la vie n’est pas toute rose. Sa mère est décédée lorsqu’elle était jeune, son père est très distant et il la pousse dans une voie qui ne lui plaît pas, elle est très seule et un peu marginale… Le coup de trop ? Le décès de sa meilleure amie. Cornélia voit la vie en noir et lorsqu’une petite voix dans sa tête lui souffle qu’elle devrait en finir, que ce serait plus simple… Elle se laisse tenter et tente de mettre fin à ses jours. Mais si l’histoire s’arrêtait là il n’y aurait pas d’histoire, et cet événement tragique n’en est en réalité que le début. Son père décide de l’emmener dans la maison de son enfance, à Rougemont, pour lui offrir du repos une fois sortie de l'hôpital. Tout semble aller mieux : elle se sent plus légère, son père se montre de nouveau attentionné bien qu’un peu trop inquiet, elle n’est plus obligée de poursuivre ses études de droit… Mais des événements étranges et terrifiants se produisent et la sérénité qui commençait à être la sienne est brisée ! Fragile, elle a l’impression de perdre pied. Entre ses cauchemars et la réalité, où se situe la frontière ?

Perdue et angoissée au possible, elle découvre que son nouveau voisin n’est autre que celui qui l’a sauvée et sans qui elle ne serait plus de ce monde. Bizarrement, cet homme étrange, qui l’attire presque autant qu’il l’effraie, semble en savoir beaucoup sur elle et surtout ce qui lui arrive alors qu’elle-même n’y comprend rien. Qui est cet homme ? Pourquoi tant de mauvaises rumeurs courent-elles sur lui au village ? Que se passe-t-il ? Qui lui veut du mal ? Comment faire pour que tout s’arrête ? Que signifient ces rêves si réalistes ?



Avis

- chronique solo de par Kassandra -


J’ai lu cette intégrale d’un coup mais j’ai mis un assez long moment à le lire pour tout vous dire. Non pas parce que l’histoire n’était pas bonne, mais parce que j’avais l’impression de ne pas avancer. Presque 1800 pages vous les sentez passer ! Comme j’ai enchaîné les tomes j’ai l’impression d’avoir lu qu’un seul et même gros livre c’est pourquoi je vais traiter de la trilogie d’un seul coup. Toutefois, j'indiquerai quand mes remarques concernent le tome 1, le tome 2 ou le tome 3 lorsque ce sera possible afin d’éviter de vous spoiler !


Tome 1 : Réminiscences


Tout d’abord, le style d’écriture de l’auteure est agréable durant toute la trilogie. J’ai vraiment bien aimé la plume de Georgia Caldera qui avait à la fois un style un peu ancien et en même temps totalement fluide. Il n’y a pas vraiment de grosses longueurs et j’ai été surprise de ne pas m’ennuyer ferme lors des descriptions qui étaient relativement conséquentes. L’équilibre entre description et dialogues reste totalement correct.

En ce qui concerne le genre du roman, on part sur du fantastique, mais du fantastique comme l’a défini Todorov : une intrusion du surnaturel dans un cadre réaliste. L’auteure nous fait douter de ce qui est réel et de ce qui ne l’est pas. On se demande si les choses arrivent réellement ou si l’héroïne dont on suit le point de vue a tout imaginé. C’est intéressant parce qu’on est aussi perdu que Cornélia, pleins de doute et d’incompréhension.

D’ailleurs, le doute n’est pas le seul sentiment que l’auteure parvient à nous faire ressentir : elle sait particulièrement bien créer un sentiment d’angoisse assez étouffant. La scène de la salle de bain vers le début du premier tome, par exemple, m’a marqué. Je ne suis habituellement pas fan de tout ce qui est horreur et gore, pas du tout même mais j’ai quand même bien aimé l’atmosphère gothique et horrifique du roman dans son ensemble. Je le recommande particulièrement aux amoureux de l’hémoglobine qui seront au paradis car croyez-moi sur paroles, le sang coule à flot dans cette trilogie !

Enfin, ce que j’ai également trouvé très intéressant c’est le choix de G. Caldera quant aux caractéristiques de ses vampires. Le vampire, comme je vous l’ai expliqué et démontré dans l’article “Les monstres d’hier sont les héros d’aujourd’hui : focus sur la figure mythique du vampire” publié sur notre blog, a beaucoup évolué. L’auteure a choisi de retourner un peu aux sources du mythe et nous présente un vampire possédant des caractéristiques modernes (physique avantageux par exemple) mais bien moins glamour par certains aspects (je n’en dirai pas plus, il serait fort dommage de vous gâcher la surprise). D’ailleurs, le fait que les vampires se situent dans cet entre-deux va ramener des questions de moralité tout au long de la trilogie.


En ce qui concerne les personnages je suis un peu plus mitigée… J’ai eu du mal avec l’héroïne. Elle manque parfois de jugeote car dans certaines situations les indices dont elle dispose pourraient lui permettre de tirer des conclusions, de deviner. Mais ce n’est pas le plus dérangeant. Sa capacité à accepter et à s’habituer à toutes les horreurs dont elle est témoin a rendu l’identification difficile en ce qui me concerne. Elle m’a également pas mal énervée lorsqu’elle gardait sous silence des choses importantes et repoussaient des révélations inévitables ce qui avait évidemment pour conséquence d’empirer la situation.

Il y a clairement un manque de communication énorme entre Henri et elle. Leur couple ne m’a pas fait rêver. Cornélia m’agaçait parce qu’elle ne semblait pas savoir ce qu’elle voulait. Tantôt elle assurait être prête à tout accepter tant elle aime Henri, tantôt elle affirme que c’est trop horrible et elle doute, lui fait des reproches. Elle ne cesse de faire le yoyo ce qui est pénible à la longue, surtout que Henri et son entourage l’ont prévenu dès le départ. Il y a aussi le fait qu’elle crie et se dispute avec Henri en lui reprochant toutes sortes de choses alors qu’elle n’est pas capable de lui parler sincèrement et calmement des problèmes qu’il y a dans leur relation. Le manque de communication est de plus en plus flagrant. Et il va dans les deux sens ! Par exemple, Henri insiste sur le fait que Cornélia ne doit pas utiliser son pouvoir sans lui expliquer pourquoi et Cornélia ne demande pas d’explications. Si Henri lui disait les choses elle pourrait comprendre et être plus raisonnable. C’est dommage et énervant.



Tome 2 : Rémanences


En plus de ce qui a déjà été dit, je dirais que les songes sont un peu longs selon moi. Il s’agit dans la majeure partie de mauvais souvenirs et de moments avec de longues descriptions de trucs horribles, sanglants et gores… Les tortures corporelles deviennent particulièrement redondantes dans ce second tome. Je suppose que le fait que je n’aime pas vraiment ce genre de scènes joue dans mon ressenti.


Dans le second tome Cornélia est une vraie girouette ! Elle prétend haïr Henri mais couche avec lui l’instant d’après avant de le rejeter puis de partir à sa recherche en se mettant en danger car elle dit l’aimer et ne pas pouvoir vivre sans lui. J’ai du mal avec ce genre de personnage.


Finalement, je dirais que le cliffhanger du tome 2 est bien trouvé, évidemment, mais il était assez prévisible.


Tome 3 : Déliquescence


Je pense que c’est le tome que j’ai préféré !


Tout d’abord, là où les rêves/souvenirs étaient un peu longs et m’intéressaient moyennement dans les deux premiers tomes, j’ai trouvé les souvenirs volés de ce tome moins dérangeants. Le fait de rendre le personnage plus humain aux yeux du lecteur à la fin me semble particulièrement intéressant. C’était intéressant, bien joué !


En ce qui concerne Cornélia et Henri leur relation m’a beaucoup plus convaincu dans ce troisième tome ! Même si j’ai trouvé que Cornélia s’habitue un peu vite aux conséquences de sa nouvelle vie vis-à-vis du regard très moralisateur qu’elle a porté jusque-là, j’ai apprécié qu’elle soit moins pleurnicharde. De plus, tout comme Henri, elle semble gagner en maturité et ils apprennent enfin de leurs erreurs passées. J’ai bien aimé le fait qu’il n’y ait pas réellement de triangle amoureux, que Cornélia sache avec certitude ce qu’elle veut, cela a permis d’éviter le vu et revu. Je regrette seulement la scène de la mairie que j’ai trouvé cruelle et qui aurait probablement pu être évitée selon moi.


Finalement : la fin ! Elle est clairement douce-amère !

D’un côté le grand méchant est enfin vaincu mais de l’autre beaucoup de personnages sont morts (mon pauvre Séraphin… snif snif….). En plus, l’auteure est un peu sadique car elle a tué ceux que l’on a pu apprendre à connaître et à qui on s’est un minimum attaché…

J’ai été surprise par le fait qu’ils aient des jumelles et qu’elles portent ces noms-là, agréablement surprise. J’ai beaucoup aimé ce bel hommage. J’ai été heureuse que l’on ait une fin heureuse pour Maxime qui le méritait clairement.

Néanmoins, si la fin est plutôt bonne, elle laisse des questions en suspens ce qui m’a un peu frustrée. Tout d’abord, après tout ce qu’il s’est passé, le retour à Rougemont n’a-t-il pas posé de problèmes ? Ensuite, on en apprend finalement peu sur la nouvelle génération de vampires, c’est dommage, on aimerait en savoir plus !


Dans l’ensemble, ce n’est pas une lecture que j’ai l’habitude de lire, j’ai eu un peu de mal à avancer et ma relation avec l’héroïne a été compliquée mais j’ai plutôt bien aimé cette lecture qui change un peu de ce que l’on peut trouver dans ce genre.


Mon ressenti en un GIF :


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